Inceste: Catherine ou "l'oeuvre au noir". Clothilde Lalanne




INTRODUCTION

L’inceste ? Nous en avons tous entendu parler. Peut-être même, certains l’ont subi. Peut-être même d’autres l’ont découvert dans leur famille. Mais, n’oublions pas, l’incestué(e) a un lien de parenté avec l’abuseur. Même sans lien de sang : le beau-père, par exemple. Il aide la mère dans l’éducation, de ce fait il a une place « au-dessus », face à l’enfant ; il entre dans un ordre symbolique, sans statut parental. L’intervention de la mère est importante : elle doit être claire avec elle-même, et après avoir réfléchi à ce qu’elle allait demander à son conjoint – si celui-ci est d’accord –, ensemble ils annoncent les fonctions qui lui incomberont. Ainsi le beau-père a une place et ce n’est pas celle du « copain ». Nous retrouvons de nombreuses difficultés dans « les familles recomposées »,
lorsque ceci n’est pas… réfléchi.

L’hypnose ? Si ce document se trouve entre vos mains, pouvons-nous affirmer que cette approche vous intéresse ? Reconstruction ? Oui, l’inceste détruit des « constructions ». Imaginez une image composée de mille pièces, un nombre indéfini même, inconnu. Un choc, brusquement. Un bouleversement ! Explosion des morceaux. Certains abîmés quelquefois. Déchirés. Décollés. Pas toujours reconnaissables. L’hypnose peut aider à les « re-construire », avec la créativité du patient. L’inceste est un acte sexuel entre membres proches de la famille dont la place empêcherait un mariage. Que d’actes ainsi cachés au fin fond de nos familles, de leurs secrets inavouables ! Le connu, le déni, avec leur cortège de séquelles. Ici, nous allons nous intéresser à un cas rencontré dans ma clientèle il y a quelques années. L’histoire de Catherine.

HISTOIRE CLINIQUE : CATHERINE ET L’ONCLE

Le décor ? Une ferme. Avec une grange. Des bois autour. L’oncle ? Emile, rustaud, la cinquantaine lors des faits. Bien sûr, vous ne pouvez pas deviner qui était « l’oncle » ! C’était le frère du père et l’amant de la mère de Catherine. Et Catherine ? Elle entre dans mon cabinet douze mois avant que le décor ne se
dessine. 42 ans, fonctionnaire comme son mari. Trois enfants de 16, 10 et 8 ans. Epuisée, non par les enfants, le mari, le travail, mais par des problèmes de sommeil tenaces : tous les milieux de nuit, une insomnie qui la tenait en éveil jusqu’à l’heure de se lever. « Depuis un an », disait-elle. Sans comprendre. Plusieurs fois par semaine. Son médecin généraliste lui conseille de « faire un travail sur elle » et me l’adresse. Stressée, tendue, aigrie, « mal partout dans son corps », ajoutait-elle. Ils habitaient Paris, et heureux d’y être. Sa famille, l’Auvergne. Région où se trouvaient ses quatre soeurs plus âgées, et sa mère veuve « depuis un peu plus d’un an », précisa-t-telle. Elle avait proposé à sa mère de passer deux-trois mois chez eux, se culpabilisant de ne pas être géographiquement sur place pour aider ses soeurs à s’en occuper. Elle venait donc à mon cabinet toutes les semaines, et très régulièrement. Puis sa mère arrive… Catherine faisant son devoir à l’égard de ses soeurs. Elle n’était pas proche du tout de sa mère. La proximité physique lui créait presque une gêne. « Etrange », disait-elle, « mais peu importe ».

DEMANDE DE LA PATIENTE

Elle désirait faire un travail analytique. « Le seul, disait-elle, qui pouvait la soulager dans cette sensation de déprime », avec son cortège de troubles : nervosité, corps morcelé, douloureux et figé par endroits, insomnies. Catherine en avait entendu parler. Beaucoup lu à ce sujet. C’était son choix. Peu de temps après l’arrivée de la mère, Catherine apporte un rêve et raconte : « Je me dis pourquoi je suis grosse comme ça ? Je suis enceinte, donc pas du gras. C’est bien. De combien je suis enceinte ? De trente mois. J’étais dans le noir, j’attendais que cela sorte. Il ne se passait rien. » Immédiatement, entraînée déjà par son travail psychologique, elle associe : « Je suis dans ma démarche pour vous voir et j’en attends d’évacuer quelque chose qui est dans mon ventre. Un enfant ? De 30 ans, non, de 30 mois… Qu’est-ce que c’est ? Qu’est-ce qui se passe ? » Elle n’est pas bien. Je lui propose de venir deux fois par semaine pour quelque temps. Accepterait-elle également de l’hypnose ?

CHOIX DES PISTES CLINIQUES

La séance suivante, je lui propose ; je lui explique ; elle accepte. J’avais été fortement interpellée par « j’étais dans le noir » et « enceinte de 30 mois, 30 ans ». Et si son image parlait de la nigredo ? Ce noir de la putréfaction dont parlent les alchimistes. Travailler l’Imago ; voire les représentations qu’elle en a ; retrouver un apaisement naturel ; refaire son puzzle avec l’image qu’elle choisira. Là où elle se trouve. Remettre de la vie dans toutes les parties de son corps.


- Formateur en Hypnose Médicale, Ericksonienne et EMDR - IMO au CHTIP Collège Hypnose Thérapies… En savoir plus sur cet auteur

Rédigé le Mardi 20 Mai 2014 à 12:01 | Lu 1545 fois modifié le Mercredi 14 Novembre 2018
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