La sexualité s'invite chez le non-sexologue



Dans les débuts de ma pratique de l’hypnose, certains collègues chirurgiens m’envoyaient ce que j’appelle des « os », c’est-à-dire des cas impossibles, où à coup sûr je pourrais me casser les dents. Ainsi un collègue urologue m’adresse un patient pour des troubles de l’érection…


Camilla et les gratte-ciel

Je me prépare psychologiquement à cette première consultation, et la première image qui me vient à l’esprit, alors que je rentre d’un séjour à New York, est une image de gratte-ciel dressés vers le ciel. Vous voyez ce que je veux dire…
Le patient arrive. Entretien soigneux. Il a environ 60 ans, et de temps en temps son membre viril marque quelques signes de faiblesse, ce qui perturbe beaucoup son épouse, qui s’imagine qu’il a une maîtresse.
Il m’explique que pas du tout. Je lui demande s’il lui arrive d’avoir des érections quand il regarde des images érotiques ou des sites porno. Il répond qu’il n’a pas ce genre d’occupations. En gros, c’est un bon mari qui désire toujours sa femme, mais qui souffre de ne pas pouvoir toujours la contenter.
 
Je commence donc la séance d’hypnose, et commence à lui parler de l’Empire State Building, du Chrysler Building de mon dernier séjour à New York. Il m’écoute gentiment, ferme les yeux. J’induis une catalepsie. Tout va bien. Au bout d’un moment, il ouvre les yeux et me dit qu’il ne comprend pas, qu’il pensait que nous parlerions de gros seins et de choses excitantes. Nous éclatons de rire tous les deux. Je lui dis : « Vous voyez, l’essentiel est de jouer, de rigoler, d’être complice avec votre épouse », en prononçant « jouer » comme si je disais « jouir », tout en citant un copain qui me dit que chaque fois qu’il voit une photo du prince Charles et de Camilla, ils sont en train de rire, comme s’ils venaient de se faire une farce.
Je conclus l’entretien en lui conseillant de prendre tout ça à la rigolade, et de jouer, jouer, jouer, comme le prince Charles et Camilla.
Je raconte cette séance à une collègue hypnothérapeute qui éclate de rire et me dit : « Jean-Michel, un patient vient te voir pour des troubles de l’érection et tu lui parles de Camilla ?! »

Nous sommes tous des lapins

Il y a quelques années, j’étais invité à un dîner à thème, le genre de choses à éviter à tout prix. Notre hôtesse avait décidé que le thème serait « le sens de la vie » et que chacun devrait venir exposer et discuter de cela avec les autres convives. Cela ne soulevait guère mon enthousiasme, aussi j’ai écouté patiemment et poliment chacun des invités, jusqu’au moment où quelqu’un fit remarquer que je n’avais toujours rien dit.
Sachant qu’il y avait plusieurs gynécologues, dont une spécialiste de la PMA (Procréation médicalement assistée), je décidais d’être iconoclaste et de lancer un pavé dans la mare, en expliquant que nous sommes tous comme des lapins, que le seul et unique but de tout ça est de se reproduire. Le reste, c’est pour faire joli. Mon intervention eut au moins le mérite de dérider l’assemblée et de la faire rentrer dans un débat plus authentique. 

Des thérapies « complémentaires »

Finalement, parler de sexualité c’est soit parler de reproduction, soit parler de ce qui fait que nous avons envie de pratiquer l’acte servant à se reproduire. Je fais confiance en la médecine occidentale pour faire tous les bilans, les diagnostics et les traitements des troubles de la reproduction, aussi bien chez l’homme, que chez la femme. Pour les cas où la médecine occidentale est impuissante, l’hypnose ou la médecine traditionnelle chinoise (MTC) peuvent intervenir, « en complément ». 

JEAN-MICHEL HÉRIN
Médecin anesthésiste
Centre Hospitalier Intercommunal
Quimper
 


- Formateur en Hypnose Médicale, Ericksonienne et EMDR - IMO au CHTIP Collège Hypnose Thérapies… En savoir plus sur cet auteur

Rédigé le Lundi 26 Septembre 2016 à 17:14 | Lu 56909 fois modifié le Mercredi 14 Novembre 2018
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