HYPNOSE
Je vais développer la manière dont je considère l'hypnose et illustrerai son utilisation par sa description dans une thérapie de couple. Je m'appuierai sur une
illustration clinique détaillée pour montrer comment l'hypnose peut être une intervention qui donne des informations à la fois sur la forme relationnelle du couple et sur le contenu qui concerne le vécu expérimenté par chaque personne composant le couple. L'utilisation de l'hypnose permet un travail sur la forme et sur le contenu, différent et complémentaire, voire complétant, un travail impliquant uniquement l'élaboration verbale. J'utilise l'hypnose depuis sept ans. Au départ, cette technique m'inquiétait beaucoup. Je ne voulais pas l'utiliser malgré l'encouragement répété des formateurs : « Lancez-vous, l'hypnose c'est comme le vélo, si on ne pratique pas on n'apprend pas. » Du fait de ma manière de travailler, trois mois après le début de ma formation, des personnes sont entrées en transe hypnotique sans que je comprenne comment j'avais induit cet état. Ces patients, manifestement très compréhensifs sur mes réticences, m'ont appris à utiliser cette technique et à prendre confiance dans son utilisation. J'ai mis quelques mois à comprendre comment cet état hypnotique apparaissait puisque l'on m'apprenait, en formation, des inductions formelles. Je ne voulais surtout pas les utiliser avant d'être sûre de bien comprendre et de contrôler cette technique !
Ma pratique, c'est-à-dire la manière dont j'utilise l'hypnose et l'induis en séance, est imprégnée par ces débuts. Je ne fais aucune induction formelle. Depuis, j'ai lâché l'envie et le besoin de comprendre... et de contrôler. Mes patients, en plus des formateurs (je continue toujours à me former), m'ont appris le principal de l'hypnose : le lâcher-prise et la confiance fondamentale en soi-même et en ses propres ressources. Je différencie l'hypnose conversationnelle de l'hypnose telle que je la conçois. Finalement, j'utilisais l'hypnose conversationnelle bien avant d'en entendre parler. Le fait que les patients se retrouvent dans cet état spécifique, sans que je comprenne comment, m'a contrainte à déconstruire ma pratique pour m'apercevoir que ma manière d'agir dans les échanges verbaux est souvent très « confusionnante » pour les patients. Le fait de simplement poser la question sur la sensation physique, présente à un moment précis de notre échange, focalise l'attention et introduit le corps, sa mémoire, en séance. Je considère que l'effet est très différent comparé à celui qui consiste à rester au niveau d'une hypnose conversationnelle ou d'une élaboration verbale sans hypnose. L'expérimentation vécue dans le corps en hypnose dans l'ici et maintenant d'une séance associée à l'élaboration verbale, sous une forme ou une autre, sont complémentaires. Ils ouvrent les portes différemment, à des moments plus adaptés au vécu et aux capacités à cette période-là de cette personne-là. Je considère aujourd'hui le processus hypnotique comme une sorte de double du système immunitaire physiologique. En effet, cet état permet de contourner les biais cognitifs d'apprentissage et de raisonnements, soi-disant logiques, toujours cohérents avec le monde de la personne concernée mais qui posent problèmes. Dans cet état particulier de fonctionnement cérébral qu’est l’hypnose, la personne se reconnecte à l'essentiel d’elle-même, à ce qui lui convient, à ses solutions, à ses ressources.
Contrairement à de nombreuses idées reçues et réticences de personnes qui viennent en consultation, on ne peut pas obliger qui que ce soit à quoi que ce soit dont il ne voudrait pas dans cet état hypnotique. On ne peut pas non plus réaliser de miracle. Entre ces deux extrêmes, la technique hypnotique nécessite un investissement de chaque personne présente. Le thérapeute pour accompagner, guider, contenir,et lepatient pour faire son travail. Son travail consistant, par exemple, à trouver des « solutions» différentes de celles qu'il applique déjà à des problématiques qui le bloquent et qui sont en général associées à de la souffrance pour laquelle il est venu consulter. Si on « ne peut pas ne pas communiquer », on ne peut pas non plus ne pas influencer. Mais en utilisant l'état hypnotique, nous permettons au patient de s'approcher au plus près de ce qui le concerne, de ce qu'il est, de ce qui en fait un sujet désirant. Le travail de transformation, de changement se fera à partir d'un travail sur les sensations physiques directes. Le corps guide la séance. L’imagination aussi, comme nous le verrons dans l’exemple clinique.
Une personne qui ne sera pas prête à prendre certaines décisions, dont elle sait « raisonnablement » qu'il vaudrait mieux les prendre, ne le fera pas. Le processus hypnotique la conduira vers ce qui est nécessaire pour elle à ce moment. Par exemple, je me souviens d'une personne coincée derrière un mur où tout est gris. Elle décide d'escalader ce mur, se met à califourchon dessus et voit des lumières, des couleurs, de la vie... de l'autre côté. Elle décide de rester à califourchon puis fait demi-tour. Elle retourne vers le gris. Ce n'est que deux ans plus tard, après avoir visité ce gris de manière suffisante manifestement pour elle, qu'elle a pris la décision de passer à la couleur. Concrètement, elle a quitté son mari qui buvait et la violentait depuis de nombreuses années. Bien entendu, le travail intermédiaire a été fait d'élaborations verbales liées à son histoire passée, présente et future, associée parfois à l'hypnose. L'utilisation de l'hypnose est un moyen d'amplifier la confiance de chaque personne en ses propres capacités. L'état émotionnel et affectif est puissant dans ces moments.
L'alliance thérapeutique est renforcée ainsi que l'expérimentation d'une sécurité affective quand la personne peut elle-même lâcher prise. L'alliance, la confiance et la sécurité affective construites en séance sont des états fluctuants, fragiles d'autant plus quand les histoires relationnelles des personnes qui viennent consulter ont été chaotiques. Ceci implique que ces divers éléments, potentiellement thérapeutiques, soient vérifiés et renforcés régulièrement par le thérapeute. Lors de la première séance, j'énonce toujours que j'utilise l'hypnose dans la thérapie et propose aux personnes de répondre aux questions qu'elles se posent à ce sujet. Puis je n'en parle plus. J'agis. Je l'utilise dans certaines séances, de manière toujours informelle. L'hypnose se glisse littéralement dans le rythme de la thérapie. Elle prend place dans le processus en cours, un processus d'élaboration verbale, associé à un état émotionnel particulier. Le corps s'invite dans la partie. La scène est complète. C'està- dire que le cognitif, le corporel, l'émotionnel et l'affectif de la personne sont actifs et présents. Je pense que ces quatre éléments nous constituent. Pour diverses raisons, certains peuvent être mis de côté, laissant la personne traverser la vie de manière
« incomplète ». Ces raisons sont toujours une question de défense, une solution à un moment de vie. Cette solution participe au problème ou est devenue « le problème » lorsque les personnes viennent consulter. Un des intérêts de l'hypnose est de redonner accès à la personne à tout ce qui la constitue, de regrouper ou réunifier chaque partie d'elle-même et d'avoir accès à des ressources présentes mais utilisées jusque-là.
illustration clinique détaillée pour montrer comment l'hypnose peut être une intervention qui donne des informations à la fois sur la forme relationnelle du couple et sur le contenu qui concerne le vécu expérimenté par chaque personne composant le couple. L'utilisation de l'hypnose permet un travail sur la forme et sur le contenu, différent et complémentaire, voire complétant, un travail impliquant uniquement l'élaboration verbale. J'utilise l'hypnose depuis sept ans. Au départ, cette technique m'inquiétait beaucoup. Je ne voulais pas l'utiliser malgré l'encouragement répété des formateurs : « Lancez-vous, l'hypnose c'est comme le vélo, si on ne pratique pas on n'apprend pas. » Du fait de ma manière de travailler, trois mois après le début de ma formation, des personnes sont entrées en transe hypnotique sans que je comprenne comment j'avais induit cet état. Ces patients, manifestement très compréhensifs sur mes réticences, m'ont appris à utiliser cette technique et à prendre confiance dans son utilisation. J'ai mis quelques mois à comprendre comment cet état hypnotique apparaissait puisque l'on m'apprenait, en formation, des inductions formelles. Je ne voulais surtout pas les utiliser avant d'être sûre de bien comprendre et de contrôler cette technique !
Ma pratique, c'est-à-dire la manière dont j'utilise l'hypnose et l'induis en séance, est imprégnée par ces débuts. Je ne fais aucune induction formelle. Depuis, j'ai lâché l'envie et le besoin de comprendre... et de contrôler. Mes patients, en plus des formateurs (je continue toujours à me former), m'ont appris le principal de l'hypnose : le lâcher-prise et la confiance fondamentale en soi-même et en ses propres ressources. Je différencie l'hypnose conversationnelle de l'hypnose telle que je la conçois. Finalement, j'utilisais l'hypnose conversationnelle bien avant d'en entendre parler. Le fait que les patients se retrouvent dans cet état spécifique, sans que je comprenne comment, m'a contrainte à déconstruire ma pratique pour m'apercevoir que ma manière d'agir dans les échanges verbaux est souvent très « confusionnante » pour les patients. Le fait de simplement poser la question sur la sensation physique, présente à un moment précis de notre échange, focalise l'attention et introduit le corps, sa mémoire, en séance. Je considère que l'effet est très différent comparé à celui qui consiste à rester au niveau d'une hypnose conversationnelle ou d'une élaboration verbale sans hypnose. L'expérimentation vécue dans le corps en hypnose dans l'ici et maintenant d'une séance associée à l'élaboration verbale, sous une forme ou une autre, sont complémentaires. Ils ouvrent les portes différemment, à des moments plus adaptés au vécu et aux capacités à cette période-là de cette personne-là. Je considère aujourd'hui le processus hypnotique comme une sorte de double du système immunitaire physiologique. En effet, cet état permet de contourner les biais cognitifs d'apprentissage et de raisonnements, soi-disant logiques, toujours cohérents avec le monde de la personne concernée mais qui posent problèmes. Dans cet état particulier de fonctionnement cérébral qu’est l’hypnose, la personne se reconnecte à l'essentiel d’elle-même, à ce qui lui convient, à ses solutions, à ses ressources.
Contrairement à de nombreuses idées reçues et réticences de personnes qui viennent en consultation, on ne peut pas obliger qui que ce soit à quoi que ce soit dont il ne voudrait pas dans cet état hypnotique. On ne peut pas non plus réaliser de miracle. Entre ces deux extrêmes, la technique hypnotique nécessite un investissement de chaque personne présente. Le thérapeute pour accompagner, guider, contenir,et lepatient pour faire son travail. Son travail consistant, par exemple, à trouver des « solutions» différentes de celles qu'il applique déjà à des problématiques qui le bloquent et qui sont en général associées à de la souffrance pour laquelle il est venu consulter. Si on « ne peut pas ne pas communiquer », on ne peut pas non plus ne pas influencer. Mais en utilisant l'état hypnotique, nous permettons au patient de s'approcher au plus près de ce qui le concerne, de ce qu'il est, de ce qui en fait un sujet désirant. Le travail de transformation, de changement se fera à partir d'un travail sur les sensations physiques directes. Le corps guide la séance. L’imagination aussi, comme nous le verrons dans l’exemple clinique.
Une personne qui ne sera pas prête à prendre certaines décisions, dont elle sait « raisonnablement » qu'il vaudrait mieux les prendre, ne le fera pas. Le processus hypnotique la conduira vers ce qui est nécessaire pour elle à ce moment. Par exemple, je me souviens d'une personne coincée derrière un mur où tout est gris. Elle décide d'escalader ce mur, se met à califourchon dessus et voit des lumières, des couleurs, de la vie... de l'autre côté. Elle décide de rester à califourchon puis fait demi-tour. Elle retourne vers le gris. Ce n'est que deux ans plus tard, après avoir visité ce gris de manière suffisante manifestement pour elle, qu'elle a pris la décision de passer à la couleur. Concrètement, elle a quitté son mari qui buvait et la violentait depuis de nombreuses années. Bien entendu, le travail intermédiaire a été fait d'élaborations verbales liées à son histoire passée, présente et future, associée parfois à l'hypnose. L'utilisation de l'hypnose est un moyen d'amplifier la confiance de chaque personne en ses propres capacités. L'état émotionnel et affectif est puissant dans ces moments.
L'alliance thérapeutique est renforcée ainsi que l'expérimentation d'une sécurité affective quand la personne peut elle-même lâcher prise. L'alliance, la confiance et la sécurité affective construites en séance sont des états fluctuants, fragiles d'autant plus quand les histoires relationnelles des personnes qui viennent consulter ont été chaotiques. Ceci implique que ces divers éléments, potentiellement thérapeutiques, soient vérifiés et renforcés régulièrement par le thérapeute. Lors de la première séance, j'énonce toujours que j'utilise l'hypnose dans la thérapie et propose aux personnes de répondre aux questions qu'elles se posent à ce sujet. Puis je n'en parle plus. J'agis. Je l'utilise dans certaines séances, de manière toujours informelle. L'hypnose se glisse littéralement dans le rythme de la thérapie. Elle prend place dans le processus en cours, un processus d'élaboration verbale, associé à un état émotionnel particulier. Le corps s'invite dans la partie. La scène est complète. C'està- dire que le cognitif, le corporel, l'émotionnel et l'affectif de la personne sont actifs et présents. Je pense que ces quatre éléments nous constituent. Pour diverses raisons, certains peuvent être mis de côté, laissant la personne traverser la vie de manière
« incomplète ». Ces raisons sont toujours une question de défense, une solution à un moment de vie. Cette solution participe au problème ou est devenue « le problème » lorsque les personnes viennent consulter. Un des intérêts de l'hypnose est de redonner accès à la personne à tout ce qui la constitue, de regrouper ou réunifier chaque partie d'elle-même et d'avoir accès à des ressources présentes mais utilisées jusque-là.
EN QUOI L'HYPNOSE EST UTILE ?
Avant l'hypnose, je travaillais avec des résultats qui semblaient satisfaire la plupart des patients. En effet, on peut très bien contacter au fur et à mesure de l'élaboration verbale ces éléments qui posent problème au travers de ce qui se joue dans la relation transférentielle, dans cette relation qui n'est toujours que
potentiellement thérapeutique...,Des mouvements imperceptibles, agis et non dits puisqu'ils font partie d'un fonctionnement habituel et non conscient des personnes, existent et apparaissent régulièrement dans l'échange thérapeutique. Même si nous les soulignons et qu'ils donnent lieu à une élaboration verbale, il me semble que la modification des sensations corporelles est effective seulement en passant par ce vécu hypnotique. L'élaboration verbale est fondamentale mais la mémoire du corps reste présente et active si on n'utilise pas l'hypnose.
L'hypnose va permettre d'utiliser cette « mémoire corporelle », « sensationnelle ». A chaque événement important et/ou répétitif, le corps réagit. Il intègre des sensations, lesquelles lorsqu'elles sont répétées deviennent des traces. Les événements vécus comme importants pour la personne concernée, de quelque nature qu'ils soient, agréables ou non, laissent des traces, s'inscrivent au niveau du corps. Un des objectifs, pour que le travail devienne effectivement thérapeutique, est deles utiliser lorsqu'elles sont réactivées. Repérer les situations qui permettent cette réactivation permet d'accéder à ces inscriptions corporelles.
potentiellement thérapeutique...,Des mouvements imperceptibles, agis et non dits puisqu'ils font partie d'un fonctionnement habituel et non conscient des personnes, existent et apparaissent régulièrement dans l'échange thérapeutique. Même si nous les soulignons et qu'ils donnent lieu à une élaboration verbale, il me semble que la modification des sensations corporelles est effective seulement en passant par ce vécu hypnotique. L'élaboration verbale est fondamentale mais la mémoire du corps reste présente et active si on n'utilise pas l'hypnose.
L'hypnose va permettre d'utiliser cette « mémoire corporelle », « sensationnelle ». A chaque événement important et/ou répétitif, le corps réagit. Il intègre des sensations, lesquelles lorsqu'elles sont répétées deviennent des traces. Les événements vécus comme importants pour la personne concernée, de quelque nature qu'ils soient, agréables ou non, laissent des traces, s'inscrivent au niveau du corps. Un des objectifs, pour que le travail devienne effectivement thérapeutique, est deles utiliser lorsqu'elles sont réactivées. Repérer les situations qui permettent cette réactivation permet d'accéder à ces inscriptions corporelles.
L’OBSERVATION
Nous savons combien l'observation est principale. Elle se situe à deux niveaux :
1 - Ma propre observation en tant que thérapeute est fondamentale. Je suis mon propre outil de travail, l'élément de base pour repérer, sentir les variations de mes sensations, émotions et affects. Un travail personnel est donc indispensable pour repérer ce qui m'appartient et ce qui appartient à l'autre, différencier pour avoir accès au vécu en commun et à la part de l'autre en moi. Mon travail est de le repérer, l'identifier, l'analyser puis le restituer. Le traduire pour l'autre. Le relier à la problématique et à l'histoire du patient. Le travail ira vers une élaboration verbale, un échange cherchant à amplifier cet état émotionnel de manière à avoir accès à ces traces en vivant et reconnaissant cet état émotionnel identique ou proche de celui qui a accompagné d'autres événements. L'état hypnotique sera déclenché à ce moment. Lorsque tout est réuni en terme de situations contextualisées, cognitions associées, d'intensité des émotions et ressentis qui y sont liés, alors le corps intervient grâce à l'utilisation de l'hypnose. Ensuite, un travail de transformation du vécu corporel utilisant diverses techniques hypnotiques sera l'objectif recherché. J'interviens de moins en moins durant ce travail de recherche intense de la personne.
2 - L'observation du patient. Ses moindres réactions, micro-mouvements, changements de position, de rythme dans le récit, d'absence, d'arrêt, du ton, de l'expression... je le saisis, repère en moi l'effet obtenu puis l'amplifie chez l'autre. Une fois cette amplification obtenue, je focalise la personne sur la manière dont son corps réagit à ce qu'elle dit, pense et ressent à ce moment-là. Puis à nouveau, un travail de transformation de ces traces est fait par la personne elle-même. Je ne fais alors que soutenir ce mouvement, parfois par ma seule présence, parfois par quelques questions, parfois de manière plus active.
Je ne suis pas une thérapeute « neutre » qui « attend » l'événement. Dès que je le perçois, je le saisis, l'amplifie et l'utilise. Je peux aussi le provoquer lorsque j'aiobservé et analysé un contexte qui réactive le problème. Une fois plongée dans sa problématique, chaque personne cherchera elle-même sa solution. Cette
manière de travailler nécessite deux conditions de base : une alliance thérapeutique solide et construite au fur et à mesure des séances. Un espace sécurisant et sécurisé, c'est-à-dire que je prenne le temps (et le risque - uniquement apparent) de vérifier et construire cette sécurité relationnelle dans cet espace qui pourra, alors seulement, devenir thérapeutique. Cette manière de travailler implique nécessairement une présence enveloppante et un engagement du thérapeute dont le patient doit être assuré.
Lorsque l'on travaille avec un couple, ces constructions de l'alliance thérapeutique et de la sécurité affective nécessitent une attention partagée aux besoins des trois individus composant le couple : chaque personne et la relation qu'ils ont construite. Chacun n’est pas en sécurité et en confiance de la même manière. Chacun la construit et l’entretient différemment. Le thérapeute ne peut construire et amplifier un confort, une sécurité, une alliance thérapeutique que s'il est attentif à son propre confort de travail, sa propre sécurité affective et le lien avec les patients qui donneront une alliance suffisamment solide pour s'appuyer dessus et travailler. Si le thérapeute ne fait pas attention à ses propres malaises dans la relation construite, alors il lui sera difficile, voire impossible, de construire les bases d'un changement thérapeutique avec l'autre. On ne peut changer, c'est-à-dire aller vers l'inconnu, que si l'on se sent en sécurité là où on est, sinon on se fige ou on fait demi-tour. Utiliser son propre « malaise » relationnel n'est pas toujours facile pour le thérapeute. Il peut avoir peur de le faire pour diverses raisons ou peut ne pas savoir comment le faire. C'est le but, l'intérêt et les objectifs des formations, des supervisions et du travail psychothérapeutique personnel. Dans une relation avec un couple, le thérapeute doit pouvoir avoir une attention multidirectionnelle au niveau de la forme, du processus engagé et du contenu. Cette attention se place envers lui-même, envers chaque partenaire et envers le couple construit.
1 - Ma propre observation en tant que thérapeute est fondamentale. Je suis mon propre outil de travail, l'élément de base pour repérer, sentir les variations de mes sensations, émotions et affects. Un travail personnel est donc indispensable pour repérer ce qui m'appartient et ce qui appartient à l'autre, différencier pour avoir accès au vécu en commun et à la part de l'autre en moi. Mon travail est de le repérer, l'identifier, l'analyser puis le restituer. Le traduire pour l'autre. Le relier à la problématique et à l'histoire du patient. Le travail ira vers une élaboration verbale, un échange cherchant à amplifier cet état émotionnel de manière à avoir accès à ces traces en vivant et reconnaissant cet état émotionnel identique ou proche de celui qui a accompagné d'autres événements. L'état hypnotique sera déclenché à ce moment. Lorsque tout est réuni en terme de situations contextualisées, cognitions associées, d'intensité des émotions et ressentis qui y sont liés, alors le corps intervient grâce à l'utilisation de l'hypnose. Ensuite, un travail de transformation du vécu corporel utilisant diverses techniques hypnotiques sera l'objectif recherché. J'interviens de moins en moins durant ce travail de recherche intense de la personne.
2 - L'observation du patient. Ses moindres réactions, micro-mouvements, changements de position, de rythme dans le récit, d'absence, d'arrêt, du ton, de l'expression... je le saisis, repère en moi l'effet obtenu puis l'amplifie chez l'autre. Une fois cette amplification obtenue, je focalise la personne sur la manière dont son corps réagit à ce qu'elle dit, pense et ressent à ce moment-là. Puis à nouveau, un travail de transformation de ces traces est fait par la personne elle-même. Je ne fais alors que soutenir ce mouvement, parfois par ma seule présence, parfois par quelques questions, parfois de manière plus active.
Je ne suis pas une thérapeute « neutre » qui « attend » l'événement. Dès que je le perçois, je le saisis, l'amplifie et l'utilise. Je peux aussi le provoquer lorsque j'aiobservé et analysé un contexte qui réactive le problème. Une fois plongée dans sa problématique, chaque personne cherchera elle-même sa solution. Cette
manière de travailler nécessite deux conditions de base : une alliance thérapeutique solide et construite au fur et à mesure des séances. Un espace sécurisant et sécurisé, c'est-à-dire que je prenne le temps (et le risque - uniquement apparent) de vérifier et construire cette sécurité relationnelle dans cet espace qui pourra, alors seulement, devenir thérapeutique. Cette manière de travailler implique nécessairement une présence enveloppante et un engagement du thérapeute dont le patient doit être assuré.
Lorsque l'on travaille avec un couple, ces constructions de l'alliance thérapeutique et de la sécurité affective nécessitent une attention partagée aux besoins des trois individus composant le couple : chaque personne et la relation qu'ils ont construite. Chacun n’est pas en sécurité et en confiance de la même manière. Chacun la construit et l’entretient différemment. Le thérapeute ne peut construire et amplifier un confort, une sécurité, une alliance thérapeutique que s'il est attentif à son propre confort de travail, sa propre sécurité affective et le lien avec les patients qui donneront une alliance suffisamment solide pour s'appuyer dessus et travailler. Si le thérapeute ne fait pas attention à ses propres malaises dans la relation construite, alors il lui sera difficile, voire impossible, de construire les bases d'un changement thérapeutique avec l'autre. On ne peut changer, c'est-à-dire aller vers l'inconnu, que si l'on se sent en sécurité là où on est, sinon on se fige ou on fait demi-tour. Utiliser son propre « malaise » relationnel n'est pas toujours facile pour le thérapeute. Il peut avoir peur de le faire pour diverses raisons ou peut ne pas savoir comment le faire. C'est le but, l'intérêt et les objectifs des formations, des supervisions et du travail psychothérapeutique personnel. Dans une relation avec un couple, le thérapeute doit pouvoir avoir une attention multidirectionnelle au niveau de la forme, du processus engagé et du contenu. Cette attention se place envers lui-même, envers chaque partenaire et envers le couple construit.
LE COUPLE ET LA RELATION
C'est en lisant le livre de Philippe Caillé 3, « 1+1=3 », que j'ai pu me construire la représentation la plus opérationnelle pour travailler avec les couples. De manière très schématique, le système couple comprend chaque individu et la relation qu'ils ont construite ensemble. Cette relation est à considérer comme un « individu » à part entière, une entité propre, un système vivant. Chaque individu évolue au fil du temps, cette entité aussi. Un écart important entre les attentes de chacun et cette construction peut apparaître, ce qui fait que le couple va se trouver dans une situation de crise :
• Soit ils pourront la résoudre eux-mêmes, c'est-à-dire aller rendre visite à leur relation et voir où et comment elle ne répond plus à leurs attentes. Ceci nécessite une grande souplesse psychique et une sécurité affective au niveau personnel et inter-relationnel.
• Soit ce remaniement et les visites à deux de cette relation ne sont pas ou plus possibles ni productives et les couples peuvent décider de se séparer, enterrer le problème et attendre la suite ou venir consulter un psychothérapeute de couple. En ce qui me concerne, je ne travaille pas « à réparer » la relation. Mon engagement consiste à permettre aux deux personnes de savoir comment elles ont construit cette relation. En quoi elle ne leur convient plus, ce qu'elles veulent en faire (la modifier ou la laisser tomber, dans ce dernier cas elles se sépareront). Comment modifier leur relation sera le travail thérapeutique (quel que soit le sens de cette évolution). Comprendre et définir ce qui peut les motiver à se séparer peut être le but du travail thérapeutique avec un couple.
Cette visite et modification de la relation peuvent donc aboutir à une séparation ou au contraire à un renforcement de la relation. Mon objectif est de leur permettre de faire le choix qui leur conviendra avec des arguments construits et rendus explicites pour chacun. Quel que soit ce choix, chacun doit y parvenir grâce à ce qui sera devenu conscient avec le travail d’élaboration verbale et l’utilisation de l’hypnose.
• Soit ils pourront la résoudre eux-mêmes, c'est-à-dire aller rendre visite à leur relation et voir où et comment elle ne répond plus à leurs attentes. Ceci nécessite une grande souplesse psychique et une sécurité affective au niveau personnel et inter-relationnel.
• Soit ce remaniement et les visites à deux de cette relation ne sont pas ou plus possibles ni productives et les couples peuvent décider de se séparer, enterrer le problème et attendre la suite ou venir consulter un psychothérapeute de couple. En ce qui me concerne, je ne travaille pas « à réparer » la relation. Mon engagement consiste à permettre aux deux personnes de savoir comment elles ont construit cette relation. En quoi elle ne leur convient plus, ce qu'elles veulent en faire (la modifier ou la laisser tomber, dans ce dernier cas elles se sépareront). Comment modifier leur relation sera le travail thérapeutique (quel que soit le sens de cette évolution). Comprendre et définir ce qui peut les motiver à se séparer peut être le but du travail thérapeutique avec un couple.
Cette visite et modification de la relation peuvent donc aboutir à une séparation ou au contraire à un renforcement de la relation. Mon objectif est de leur permettre de faire le choix qui leur conviendra avec des arguments construits et rendus explicites pour chacun. Quel que soit ce choix, chacun doit y parvenir grâce à ce qui sera devenu conscient avec le travail d’élaboration verbale et l’utilisation de l’hypnose.