HISTOIRE CLINIQUE ET ANAMNÈSE
Clémentine est issue d’un amour adolescent entre Mathilde sa mère et Marc son père. Ils ont respectivement 16 ans et 17 ans lorsque Clémentine arrive au monde. Ils se séparent à l’annonce de la grossesse. Elle ne détient pas d’autre information sur l’histoire de ses origines. Elle ne s’est jamais autorisée à questionner sa famille sentant bien que le sujet n’est pas abordable. Elle est élevée par ses grands-parents maternels jusqu’à 15 ans. Le grand-père est colérique et taciturne. La grand-mère dont elle est très proche est totalement dévouée à sa famille. A l’adolescence, elle va vivre chez sa mère qu’elle considère comme une copine et l’appelle d’ailleurs par son prénom. « Ma vraie mère, c’est mémé. » Son père est un homme qu’elle qualifie d’égoïste et pour qui elle éprouve de la colère. Enfant, elle subit plusieurs hospitalisations pour crises d’asthme liées à sa négligence. Il oublie régulièrement ses médicaments et ne s’intéresse pas à elle. Sa colère prend de l’ampleur lorsqu’elle devient étudiante et qu’il rechigne à débourser le moindre euro pour elle.
A 17 ans, elle connaît son premier amour, Ludovic. Ils s’aiment passionnément. Elle découvre un véritable intérêt pour la sexualité. Après le bac, ils s’installent ensemble. Ludovic est studieux, a peu d’amis et travaille énormément. Peu à peu, il révèle une jalousie pathologique. Après six mois de vie commune, elle souffre de mycoses à répétition. Elle se sépare après deux ans de tyrannie conjugale. Très rapidement, elle retrouve une certaine légèreté de vivre. C’est dans cet état d’esprit qu’elle rencontre Erwan. Elle se sent en confiance avec lui parce que, contrairement à Ludovic, il a une vie sociale très dense. Le début de leur vie sexuelle est très satisfaisant mais six mois après apparaissent les premières douleurs lors des rapports sexuels. Au début, la douleur apparaît de manière sporadique et n’empêche pas la pénétration. Peu à peu, l’appréhension de la douleur s’installe. Elle développe des stratégies d’évitement. Erwan est patient et compréhensif mais l’incite régulièrement à consulter. Elle se sent coupable de lui infliger cette sexualité, et en même temps elle ne se hâte pas pour contacter sa gynécologue. Il lui faudra attendre d’avoir des doutes sur sa fidélité pour décider de franchir le pas.
LA DEMANDE
Dès la première séance, Clémentine parle avec complaisance de sa douleur dans un langage riche en détails. Le débit est rapide et laisse peu de place à l’échange. Sans interruption, elle décrit cette douleur apparue il y a deux ans, six mois après sa rencontre avec Erwan. Elle ressent une brûlure d’intensité et de taille variable. A la fin de la séance, je lui demande ce qu’elle attend d’une thérapie. Après un long silence, elle finit par murmurer : « Si j’arrivais à comprendre pourquoi j’ai mal, je me sentirais mieux… c’est une zone trop mystérieuse pour moi… » Le besoin de donner du sens à son symptôme est clairement exprimé.
BASES THÉORICO-PRATIQUES
Le travail thérapeutique, étayé par une approche psycho-dynamique, s’est principalement articulé autour de trois pistes que je vais détailler : la douleur comme réaction affective à une perte, la douleur comme expression de la colère, la douleur comme expression de la peur.
a) La douleur comme réaction affective à une perte
Dans la douleur physique se perd l’harmonie et l’intégration équilibrée des différentes parties du corps. Clémentine parle du siège de sa douleur comme d’un
endroit détaché du corps. « C’est comme une pièce de monnaie juste à l’entrée qui change de taille en fonction des jours… » C’est pour elle une zone énigmatique habitée par un intrus qui la tyrannise. A cette perte, se rajoute la perte du partenaire fantasmé qui se traduit par une blessure dans le corps. Dans sa première relation, la première mycose apparaît peu après une scène de jalousie de Ludovic. Avec Erwan, la première douleur survient après la première déception qu’elle relie à son déménagement. Elle compte sur son aide mais Erwan ne se réveille pas. Il arrive en début d’après-midi alors qu’elle l’attendait pour le matin. La confiance se brise.
b) La douleur comme expression de la colère
La colère à l’égard du père défaillant, égoïste et pingre, remplit le contenu des premières séances. Lorsqu’elle aborde le manque de générosité de son père à son égard, je mime l’étonnement en lui rappelant que curieusement, elle a une petite pièce de monnaie qui parasite son intimité. Elle s’arrête de parler et semble sidérée par le lien qui est en train de lui apparaître.
Clémentine est issue d’un amour adolescent entre Mathilde sa mère et Marc son père. Ils ont respectivement 16 ans et 17 ans lorsque Clémentine arrive au monde. Ils se séparent à l’annonce de la grossesse. Elle ne détient pas d’autre information sur l’histoire de ses origines. Elle ne s’est jamais autorisée à questionner sa famille sentant bien que le sujet n’est pas abordable. Elle est élevée par ses grands-parents maternels jusqu’à 15 ans. Le grand-père est colérique et taciturne. La grand-mère dont elle est très proche est totalement dévouée à sa famille. A l’adolescence, elle va vivre chez sa mère qu’elle considère comme une copine et l’appelle d’ailleurs par son prénom. « Ma vraie mère, c’est mémé. » Son père est un homme qu’elle qualifie d’égoïste et pour qui elle éprouve de la colère. Enfant, elle subit plusieurs hospitalisations pour crises d’asthme liées à sa négligence. Il oublie régulièrement ses médicaments et ne s’intéresse pas à elle. Sa colère prend de l’ampleur lorsqu’elle devient étudiante et qu’il rechigne à débourser le moindre euro pour elle.
A 17 ans, elle connaît son premier amour, Ludovic. Ils s’aiment passionnément. Elle découvre un véritable intérêt pour la sexualité. Après le bac, ils s’installent ensemble. Ludovic est studieux, a peu d’amis et travaille énormément. Peu à peu, il révèle une jalousie pathologique. Après six mois de vie commune, elle souffre de mycoses à répétition. Elle se sépare après deux ans de tyrannie conjugale. Très rapidement, elle retrouve une certaine légèreté de vivre. C’est dans cet état d’esprit qu’elle rencontre Erwan. Elle se sent en confiance avec lui parce que, contrairement à Ludovic, il a une vie sociale très dense. Le début de leur vie sexuelle est très satisfaisant mais six mois après apparaissent les premières douleurs lors des rapports sexuels. Au début, la douleur apparaît de manière sporadique et n’empêche pas la pénétration. Peu à peu, l’appréhension de la douleur s’installe. Elle développe des stratégies d’évitement. Erwan est patient et compréhensif mais l’incite régulièrement à consulter. Elle se sent coupable de lui infliger cette sexualité, et en même temps elle ne se hâte pas pour contacter sa gynécologue. Il lui faudra attendre d’avoir des doutes sur sa fidélité pour décider de franchir le pas.
LA DEMANDE
Dès la première séance, Clémentine parle avec complaisance de sa douleur dans un langage riche en détails. Le débit est rapide et laisse peu de place à l’échange. Sans interruption, elle décrit cette douleur apparue il y a deux ans, six mois après sa rencontre avec Erwan. Elle ressent une brûlure d’intensité et de taille variable. A la fin de la séance, je lui demande ce qu’elle attend d’une thérapie. Après un long silence, elle finit par murmurer : « Si j’arrivais à comprendre pourquoi j’ai mal, je me sentirais mieux… c’est une zone trop mystérieuse pour moi… » Le besoin de donner du sens à son symptôme est clairement exprimé.
BASES THÉORICO-PRATIQUES
Le travail thérapeutique, étayé par une approche psycho-dynamique, s’est principalement articulé autour de trois pistes que je vais détailler : la douleur comme réaction affective à une perte, la douleur comme expression de la colère, la douleur comme expression de la peur.
a) La douleur comme réaction affective à une perte
Dans la douleur physique se perd l’harmonie et l’intégration équilibrée des différentes parties du corps. Clémentine parle du siège de sa douleur comme d’un
endroit détaché du corps. « C’est comme une pièce de monnaie juste à l’entrée qui change de taille en fonction des jours… » C’est pour elle une zone énigmatique habitée par un intrus qui la tyrannise. A cette perte, se rajoute la perte du partenaire fantasmé qui se traduit par une blessure dans le corps. Dans sa première relation, la première mycose apparaît peu après une scène de jalousie de Ludovic. Avec Erwan, la première douleur survient après la première déception qu’elle relie à son déménagement. Elle compte sur son aide mais Erwan ne se réveille pas. Il arrive en début d’après-midi alors qu’elle l’attendait pour le matin. La confiance se brise.
b) La douleur comme expression de la colère
La colère à l’égard du père défaillant, égoïste et pingre, remplit le contenu des premières séances. Lorsqu’elle aborde le manque de générosité de son père à son égard, je mime l’étonnement en lui rappelant que curieusement, elle a une petite pièce de monnaie qui parasite son intimité. Elle s’arrête de parler et semble sidérée par le lien qui est en train de lui apparaître.